Saint-Raphaël à l’époque des Fitzgerald
En ce début des années vingt, Saint-Raphaël est déjà une station balnéaire réputée, figurant sur les couvertures des guides touristiques depuis 1883. Si son classement en tant que telle date seulement de 1914, son succès auprès des personnalités et des célébrités est immense depuis la Belle Epoque.
Saint-Raphaël possède tous les codes de la station touristique d’alors : hôtels et restaurants de première catégorie, villas de style, établissement de bains d’eau de mer et d’eau douce, promenade sous les palmiers le long de la mer, casino et théâtre pour distraire la bonne société et les villégiateurs venus de l’Europe entière. Mais une bonne partie de l’économie locale repose encore sur l’activité portuaire et de pêche.
Au lendemain de la Grande Guerre, la station n’a pas pleinement retrouvé sa clientèle étrangère, celle qui faisait les beaux jours de la villégiature d’hiver : il ne reste plus de grands-ducs russes pour hanter les salles de jeu. Des empires sont tombés, des vies et des fortunes ont été emportées au cours de ces quatre années de fureur. Une nouvelle génération de villégiateurs a fait son apparition avec les Américains. Cette fois, l’été. Mais on ne parle pas encore de saison estivale. Son démarrage est plein et entier à l’été 1926, lorsque le casino de Juan-les-Pins accueille plus de quatre mille américains le jour de l’Indépendance, le 4 juillet.
A Saint-Raphaël, en journée, c’est la plage du Veillat qui est choisie par Zelda pour le bain. En fin d’après-midi ou le soir, le couple fréquente notamment les bars des hôtels Continental et Beau Rivage, le Café des Bains, participe à des soirées à l’hôtel de la Plage. Ils s’amusent des animations sans prétentions proposées par le petit bourg : « Le soir après dîner, ils allaient se promener en voiture dans Saint-Raphaël. Ils avaient acheté une petite Renault. Seule la façade de la ville était illuminée, comme un rideau de théâtre pour masquer un changement de décor. Des baraques foraines avaient installé leurs panoplies non loin et les jeunes Américains et les jeunes officiers s’élançaient dans les cieux méditerranéens en un carrousel ascendant et descendant de chevaux de bois. »
Pour Scott et Zelda, Saint-Raphaël est alors toute imprégnée d’une atmosphère de carnaval, « d’un carnaval prêt à envahir les rues ».

